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Numérique : la crise sanitaire change la donne dans l’Ouest

(26/03/21)

En 2020, la transformation numérique s’est faite à marche forcée, aussi bien dans la sphère privée que professionnelle. L’Observatoire Régional des Compétences Numériques (ORCN) s’est interrogé sur l’incidence de la crise sanitaire sur l’emploi dans la filière numérique de l’Ouest (Pays de la Loire et Bretagne).

La digitalisation renforcée de l’économie aurait pu laisser penser que la Covid-19 provoquerait des créations de postes dans la filière numérique. Or ce phénomène semble avoir été marginal. En Pays de la Loire, on peut estimer que seuls 9 % des recrutements ont eu pour origine la crise sanitaire et 6 % en Bretagne. Par ailleurs, avec 8?100 embauches réalisées en 2020 en Pays de La Loire et 6?500 en Bretagne, on constate une forte baisse des recrutements en 2020 : -52 % en Pays de la Loire, -30 % en Bretagne. Des chiffres qui peuvent paraître alarmants, mais qui restent néanmoins à nuancer. «?Selon une étude de l’Opiiec fin 2020, les régions Pays de la Loire et Bretagne font partie de celles où les entreprises du numérique devraient le mieux s’en sortir comparées aux autres régions?», tempère Béatrice Abadie, déléguée régionale Ouest de l’OPCO Atlas. Autre point intéressant : en 2020, pour la première fois, le sentiment de pénurie recule légèrement en Pays de la Loire et connaît un fort recul en Bretagne (69 % en 2019 contre 43 % en 2020).

Un effet « stop and go »

Selon l’étude de l’ORCN, les fonctions les plus recrutées restent celles de la conception, du développement et de la R&D, au coude à coude avec les métiers liés à l’exploitation, la production et le support. Il faut dire que les employeurs ont vécu les différentes périodes de l’année 2020 en mode « stop and go », comme le confirme Florent Letourneur du cabinet de recrutement Happy to meet you. « L’enjeu premier était de gérer les urgences et la cybersécurité par la mise en place de protocoles adaptés au travail à distance. À l’annonce du premier confinement, nous n’avons pas eu d’annulation de recrutements, mais des reports. Les candidats en poste, en surcharge de travail, n’avaient pas de temps à consacrer aux entretiens. Puis, d’avril à juillet, c’est reparti très fort avec de nombreux recrutements urgents dans les métiers de l’infra, de la cybersécurité, du DevOps de la data. Et un recentrage des profils plus expérimentés, immédiatement opérationnels et disponibles pour travailler sur des projets urgents. Sur les métiers de l’infra, les profils seniors, voire très seniors (+ de 55 ans) en ont bénéficié. Depuis septembre, on assiste à un retour à la normale, avec des demandes sur les profils architectes, datas et Développeurs (Back End, Full Stack, Front End) ».

Pas de baisse des salaires

« En 2019 : c’était la chasse et tout le monde cherchait les mêmes profils. En 2020, ces profils n’ont pas bougé de leur poste. Avec le télétravail, nous avons saisi de nouvelles opportunités de recrutement avec des profils intéressants localisés partout en France. Peu importe, désormais, le lieu géographique?! L’autre point positif, c’est que nous n’avons pas constaté de flambée des rémunérations comme en 2019 », constate Anthony Fromenteau, Directeur Capgemini Ouest, à Brest. La crise n’aura, en effet, pas eu de conséquence marquante sur le niveau des salaires. En 2020, 81 % des prestataires ligériens interrogés ont même affirmé avoir attribué un salaire plus élevé que prévu lors de leur recrutement, contre 43 % en Bretagne. « On ne constate pas de baisse des rémunérations, mais simplement une progression ralentie par rapport aux autres années. Inutile d’imaginer, pour les recruteurs, de voir les rémunérations baisser ! », précise Florent Letourneur. « Et, du côté des candidats, les attentes se sont durcies avec la volonté toujours plus affirmée d’équilibrer vie pro-vie perso. On ne reviendra pas en arrière sur le télétravail. Certains clients étaient contre, mais aujourd’hui, ils n’ont plus le choix ! Les candidats sont d’accord pour trois jours en présentiel, rarement plus ».

Le boom de l’alternance

En Pays de la Loire et en Bretagne, la surprise positive est venue des recrutements en alternance, avec une très forte progression : + 20 % chez les prestataires ligériens, + 18 % chez les prestataires bretons. « En juin, nous étions assez inquiets, car persuadés que l’alternance allait chuter : on annonçait une chute de l’ordre de 30 % sur les contrats d’apprentissage. En réalité, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé ! », témoigne Béatrice Abadie. « Les incitations à l’embauche par l’État ont eu un véritable effet booster. Comparé au secteur de l’industrie, traditionnellement grand recruteur d’apprentis, on partait de loin dans le numérique. Reste à voir si cela va continuer lorsque ces aides s’arrêteront ».

Des recruteurs optimistes pour l’avenir

Malgré la crise sanitaire, les perspectives d’embauches à moyen terme sont demeurées stables par rapport à l’enquête précédente, plaçant cette période de pandémie comme un phénomène ponctuel. Les employeurs restent optimistes sur les recrutements en 2021, tout du moins pour les Pays de la Loire, avec des intentions de recrutement à la hausse en 2021 comparées aux embauches réalisées en 2020 (+ 42 %). À trois ans, l’emploi devrait croître pour plus des deux tiers des prestataires, avec une dynamique plus forte en Pays de la Loire qu’en Bretagne.

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ORCN #2020
(26 / 03 / 21)