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Femmes et numérique : je t’aime, moi non plus

(12/02/20)

L’ORCN vient de publier sa dernière enquête et, comme pour les précédentes éditions, on constate que la filière numérique se porte à merveille en Pays de la Loire. Revers de la médaille : les talents manquent toujours à l’appel. Et si les femmes étaient LA solution ? En région, des initiatives sont mises en place pour tenter d’apporter plus de mixité dans les équipes.

2 360 personnes ont été recrutées en 2019 par les 278 entreprises répondantes de l’enquête ORCN Pays de la Loire. « Notre région a connu la plus forte croissance d’emplois salariés dans le secteur des services informatiques et des logiciels en France (+6,7 % entre 2013 et 2018) et les perspectives de l’Opiiec sont particulièrement optimistes, avec des créations nettes d’emplois de l’ordre de 1 500 à 1 600 par an et une croissance estimée à 8 % du chiffre d’affaires des sociétés de services numériques », se réjouit Jean-Paul Chapron, président d’ASI et délégué régional du Syntec numérique.

Des recrutements toujours plus complexes

Sans surprise, en Pays de la Loire comme partout en France, les employeurs ont connu des difficultés à embaucher, surtout pour les fonctions les plus recherchées de la conception, du développement et de la R&D. Même en passant par des cabinets spécialisés, les processus de recrutement restent complexes. « Pour les profils techniques, là où il nous fallait habituellement entre un et deux mois pour pourvoir un poste, il n’est pas rare que certains postes nécessitent 4 à 6 mois de recherches ! », témoigne Pierre-Emmanuel Salliou, co-fondateur et DG du cabinet de recrutement Seyos. « Et nous observons une augmentation de 5 à 8 % sur les rémunérations de certains profils techniques. Le “plafond de verre” autrefois fixé à 45k€ est aujourd’hui régulièrement dépassé et il n’est plus rare de voir des propositions à 50k€ ou 60k€ bruts annuels pour certains candidats ! Ce phénomène n’est pas près de s’essouffler. ».

Salaires élevés dans le numérique

Attirer autrement qu’avec les salaires

Par choix ou par obligation, il reste néanmoins possible de refuser d’entrer dans cette spirale de la surenchère. « Le conseil départemental ne peut pas s’aligner sur les rémunérations du marché », explique Safia D’Ziri, DSI du Conseil Départemental de Loire-Atlantique. « Pour attirer les profils, je mets donc en avant la recherche de sens, celui de servir l’intérêt public. C’est un élément fortement recherché par les candidats ». Les start-ups misent, elles aussi, sur d’autres atouts. « Ces jeunes entreprises n’ont pas les moyens de payer grassement », constate Eloïse Denis-Péchard, chargée de mission numérique à Atlanpole. « Elles réussissent néanmoins à attirer des développeurs qui aiment toucher à la technologie pure et qui y voient une forte stimulation intellectuelle. Dans ces structures, tout est à construire. L’excitation du démarrage d’un projet peut motiver des candidats, sans oublier la possibilité de devenir associé pour certains profils très qualifiés ».

La mixité en panne

En Pays de la Loire, comme partout en France, les femmes sont toujours aussi peu nombreuses dans le numérique et ça n’est pas sans conséquences ! En effet, selon l’enquête ORCN, 19 % seulement des postes sont occupés par des femmes et 7 % des candidatures chez les prestataires étaient féminines contre 11 % pour les entreprises utilisatrices. « Dans mon service, je compte 26 % de femmes sur l’ensemble de la direction, mais j’espère atteindre la mixité (33 %) », témoigne Safia D’Ziri. « Notre comité de direction est mixte, avec 4 hommes et 3 femmes et ça change tout ! L’approche managériale est moins axée sur la technologie. Par ailleurs, une équipe féminisée évite aussi les “biais de genre”. En tant qu’acteur public, dans notre approche centrée sur l’usager, nous devons veiller à ce que l’utilisation des algorithmes ne renforce pas les biais de sexe, tant dans les données mobilisées que dans leur traitement ». L’absence de mixité dans les équipes est dommageable à tous les niveaux, y compris sur le terrain de la performance économique. « En tant que chef d’entreprise, je suis attaché à la performance. Or il est aujourd’hui prouvé qu’une équipe mixte est plus performante qu’une équipe à 100 % masculine ou 100% féminine », poursuit Jean-Paul Chapron, nommé récemment ambassadeur de l’Index Égalité sur la région Pays de Loire. « A ce titre, mon rôle est de témoigner sur l’intérêt de féminiser les équipes d’une entreprise et sur la nécessité de respecter l’Index Égalité. Aujourd’hui, ASI a obtenu une note de 86 sur 100, ce qui est déjà bien, notre marge de progression étant sur le manque de femme parmi les dix plus hauts salaires de l’entreprise ».

L’enjeu majeur : former les femmes au numérique

Selon la 4e étude genderScan, on assiste à un décrochage du nombre de femmes qui sortent diplômées des formations tech et numériques dans le supérieur en France (- 6 %). « En région, on compte entre 15 et 20 % de femmes dans la filière numérique en études supérieures », Gwénola Kerglonou, responsable Enseignement Supérieur et Recherche à l’ICAM Nantes. « On fait une fixation sur la filière numérique, mais cela concerne en réalité toutes les filières scientifiques, à l’exception de celles liées au soin : médecine, vétérinaire, kiné, etc. C’est un chiffre stable depuis plusieurs années et, dans certaines années “fastes”, cela peut monter jusqu’à 30 % ». De nombreuses initiatives sont menées en région pour tenter de combattre les préjugés, inspirer les femmes en leur présentant des modèles de réussites féminines : « Girls are coding », le « Safari des métiers », etc. « Il faut que les femmes et les jeunes filles puissent se projeter », prévient Aurélie Beaupel, Consultante en communication digitale et présidente de Femmes du Digital Ouest. « C’est pourquoi nous avons créé le Prix Femmes Digital de l’Ouest en 2016 pour valoriser celles qui osent. Nous montrons également un maximum de visages de femmes sur notre site, nous les faisons parler via nos podcasts « We Can be her ». Et qu’on se le dise : la mixité ne se fera pas sans les hommes ! C’est pour cela que notre réseau n’est pas 100 % féminin ».

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