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(Interview) « Il n’est jamais trop tard pour se réorienter, notamment vers les métiers du numérique »

(12/12/17)

Il rencontre des personnes venant de tous les horizons, avec toutes sortes de profils, d’aspirations, d’envies. Loin des stéréotypes selon lesquels on ne peut pas se réorienter quand on a 40, 50 ou 60 ans, Nicolas Tollar, Psychologue du travail et Consultant en bilans de compétences nous explique en quoi les dispositifs permettant de faire des bilans professionnels (VAE, bilans de compétences, etc) sont de véritables leviers pour des personnes en quête de renouveau, et cela quel que soit leur âge. L’ORCN a profité de cette rencontre pour lui demander s’il était possible de se réorienter vers les métiers du numérique. Sa réponse ? Oui, mais à certaines conditions

Nicolas TOLLAR

Nicolas TOLLAR

Consultant bilans de compétences

En quoi consiste votre métier ?

« Je suis Consultant en bilans de compétences et Psychologue du travail. Cette prestation est régie par une loi qui crée les conditions pour qu’un salarié puisse faire un point sur son parcours, étudier ses compétences et réfléchir à une évolution professionnelle. Il faut néanmoins avoir minimum 5 ans d’ancienneté pour accéder au financement de la prestation. Les bilans s’adressent surtout aux individus âgés de 35 à 60 ans. »

Qu’est ce qui pousse les individus à se réorienter professionnellement ou à entamer des bilans de compétences ?  Y’a-t-il des profils types parmi les gens qui vous sollicitent ?

« Certaines personnes n’ont pas réussi à se réaliser par la formation initiale et veulent reprendre une formation continue pour se repositionner ; d’autres ne savent pas vraiment ce qui est fait pour eux, ne se sentent pas bien dans leurs fonctions, ou on le sentiment d’avoir fait le tour ; d’autres encore veulent évoluer, créer leur entreprise, ou entamer une formation. Il n’existe pas de profil type mais plutôt des parcours de vie par lesquels on observe que l’histoire professionnelle est très liée à l’histoire personnelle. Les individus peuvent souffrir de différentes manières : pression du marché de l’emploi, relations de travail, manque d’ajustement entre vie familiale et vie professionnelle … Ils cherchent des solutions. C’est là que le bilan de compétences intervient. »

Est-il possible de faire des grands écarts professionnels : c’est à dire de changer complètement de secteur ?

« Les projets de formation peuvent être variés et témoignent des objectifs de chacun. La possibilité d’élever son niveau d’étude pour évoluer au sein de son métier est fréquent; Et le requalification à des diplômes de niveau V, y compris pour des personnes déjà diplômées, ouvre des portes. D’autres n’hésitent pas à changer complètement de secteur, voire de s’orienter vers des métiers nécessitant moins de diplômes que ceux requis par le poste occupé, par exemple. »

De quel dispositifs parle-t-on lorsqu’il s’agit d’évoluer ou de changer de voie ?

« La validation des acquis de l’expérience est un outil intéressant pour faire sauter les barrières liées au niveau de diplôme ou de formation. Ce dispositif permet à beaucoup de personnes de progresser de façon importante dans leur carrière pour atteindre des objectifs jusqu’alors “interdits”. »

Se réorienter vers les métiers du numérique

En quoi la VAE est-elle utile dans les métiers du numérique ?

« La VAE (validation des acquis de l’expérience) est particulièrement utile dans les métiers du numérique puisque l’auto-apprentissage et la formation par “l’action” et le “faire” sont très présents. Il faut garder en tête que les opportunités en VAE sont fréquentes, à condition de trouver le diplôme en lien avec ses compétences. »

Avez-vous un exemple de reconversion dans le secteur du numérique ?

« J’ai en tête le parcours d’un candidat qui, dans un premier temps, s’est orienté vers les “sciences et techniques industrielles”. Il a ensuite préparé un BEP et un Bac pro “Gestion / Comptabilité”. Après quelques expériences décevantes dans ce secteur, il opte pour un BTS « Informatique de Gestion », ce qui lui permet d’acquérir des compétences dans un secteur en développement.

Il se spécialise ensuite dans l’Administration Réseaux pendant environ 5 ans, puis décide de suivre une formation de « Technicien Niveau 3 Open Sources », par le Greta.

Ce choix lui permet de travailler pour des SSII, de développer des compétences et de se spécialiser en Administration de Réseaux et Téléphonie. Il rejoint ensuite Orange Business Services en tant que Consultant; il y consolide ses connaissances des technologies et découvre la sécurité informatique.

Quelques années plus tard, en interne, il occupera un poste d’Ingénieur Réseau et Sécurité. Une validation des acquis confirmera son niveau bac+5 et l’inscrira durablement dans sa carrière d’ingénieur.

Ce type de parcours est fréquent. Et pour mettre toutes les chances de son côté, il est utile d’être conseillé par des professionnels. Les opportunités tendent les bras aux personnes qui sauront maintenir leurs efforts pour se former et qui identifieront les outils et formation adéquates pour leur carrière. »

Bien que le secteur de l’informatique, aussi appelé IT, soit porteur, les entreprises rencontrent des difficultés à recruter ? Comment l’expliquez-vous ? Y’aurait-il des à priori sur le secteur, ses métiers ?

« Cloud, applications, sécurité des données, dans l’IT le niveau de qualification est important et la formation est plus longue. La question du financement se pose. Le contrat de professionnalisation est aussi une piste, mais l’entreprise accède aux compétences au bout de deux ans alors que le plus souvent elle en a besoin immédiatement. L’offre de formation accessible via les plans de formation des entreprises est surtout destinée à des spécialistes et plutôt accessible en Ile-de-France. Tout cela participe à tendre le marché et pousse les entreprises à recruter des jeunes diplômés moins expérimentés et plus « volages » ; même s’ils travaillent le plus souvent toute leur vie dans le numérique. »

Finalement, quelle est la meilleure voie pour travailler au sein de la filière numérique et comment peut on y accéder sans passer par une formation longue ?

« Ce que j’observe surtout c’est que les personnes qui sont entrées dans ce secteur là font généralement valider leur acquis pour prendre les voies connexes. Il n’est pas rare de voir des administrateurs réseau monter en compétences et devenir Chef de projet informatique, par exemple. »

Crédits Photo: ORCN 

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