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(Article) Les employeurs donnent leur chance aux reconversions vers le numérique

(22/03/19)

L’Observatoire Régional des Compétences Numériques des Pays de la Loire vient de publier les résultats de son enquête terrain du second semestre 2018. Le dynamisme du territoire se confirme avec, en corollaire, un besoin exponentiel de talents. Les employeurs ont de plus en plus recours aux freelances, ils commencent à regarder à l’étranger et misent sur la reconversion, aidés en cela par un large éventail de dispositifs nationaux ou locaux.

1 350 personnes ont été recrutées en Pays de la Loire au 2e semestre 2018 par les 298 entreprises répondantes. Des niveaux de recrutements quasiment aussi élevés que lors des précédentes enquêtes.

En matière de salaires, il n’y a plus aucune vérité

Le dynamisme du numérique à Nantes se confirme et attire de nombreuses entreprises. Les besoins en talents dans tous les métiers sont exponentiels, affolant les compteurs au niveau des rémunérations. 29 % des entreprises interrogées (+5%) indiquent avoir dû recourir à des salaires plus élevés que prévu.

« En matière de salaires, il n’y a plus aucune vérité ! », constate Alix Cousseau, consultante Michael Page. « En trois ans dans l’informatique, je n’ai jamais connu de mutation aussi rapide. Nous n’avons plus de référence, l’offre et la demande s’affolent. L’an dernier, un Parisien qui souhaitait quitter la capitale était prêt à baisser sa rémunération. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas ».

Salaires élevés dans le numérique

Dénicher les talents, partout où ils se trouvent

Recourir aux indépendants pour certaines missions spécifiques, proposer des postes en télétravail pour attirer les profils « pénuriques », les employeurs doivent faire preuve de souplesse et d’inventivité… « Une entreprise qui ne propose pas de télétravail aujourd’hui s’ajoute de sérieuses barrières au recrutement. Surtout pour des entreprises situées dans des zones peu attractives… », signale Alix Cousseau. Autre solution : chercher à l’étranger des profils techniques rares en France. Le Visa French Tech vient d’être assoupli depuis mars 2019 et cela devrait faciliter le volet administratif.

« De plus en plus d’entreprises nous demandent d’étudier très attentivement les candidatures qui viennent de l’étranger. Que ce soit en Europe de l’Est ou au Maghreb, il existe de très bonnes formations et de gros hubs de développeurs, c’est assez peu risqué ! Mais je préfère prévenir qu’il ne faut pas imaginer pour autant que les candidats acceptent des rémunérations plus basses. En Roumaine par exemple, les salaires pour un développeur sont les mêmes qu’en France, parfois même plus élevés », poursuit Alix Cousseau.

La formule de l’alternance séduit toujours autant

30 % (+5 %) des entreprises interrogées ont accueilli des contrats de professionnalisation et 22 % (+7 %) des contrats d’apprentissage.

« Chaque année, le nombre de contrats de professionnalisation augmente de 25 %, voire 30 % sur 2018 au national. Et sur les 18 000 contrats financés par la Fafiec l’an dernier, la moitié sont sur les métiers du numérique », complète Matthieu Lassaux, chargé de développement à la Fafiec.

Paradoxalement, le taux de transformation de ces contrats en emploi est en baisse de 8 % par rapport à la précédente étude. La communication (orale, écrite) et la gestion de projets restent en haut du podium des manques constatés par les employeurs. Des softs skills toujours fortement attendus.

« Pour les candidats que nous recrutons, si le savoir-faire reste important, pour autant le savoir-être sera l’élément le plus étudié. Pour nos derniers recrutements, on cherchait 80 % de savoir-être et 20 % de savoir-faire ! », insiste Frédéric Roulleau, DG Groupe TIBCO.

Alternance dans le numérique

Les employeurs adoptent les profils en reconversion

Encouragés par un éventail large de dispositifs (POEI, POEC, Grande École du Numérique, Plan Investissement Compétences), les employeurs sont plus facilement enclins à faire confiance aux profils en reconversion. L’an dernier, dans le cadre d’un POEI, WizTiVI a recruté neuf personnes en reconversion pour des postes de développeurs Front, en Java Script dans l’embarqué. Elles sont toutes en CDI aujourd’hui.

« Pour nous, le diplôme n’est pas si important. Nous faisons confiance aux gens et à leur potentiel. Ce qui prime, c’est l’envie, la motivation ! On se rend compte que l’énergie peut déplacer des montagnes et cela peut suffire à remplacer un diplôme Bac+5 », s’enthousiasme Eric Bibollet, cofondateur de WizTiVi.

Selon l’enquête ORCN, pour 28 % des répondants, les fonctions les plus favorables pour un profil en reconversion sont la conception, le développement et la R&D, ainsi que l’exploitation, la production et le support. L’ouverture d’esprit est citée comme le principal atout (28 %), suivi de la richesse de l’expérience et la connaissance du monde de l’entreprise. Le salaire trop élevé et l’expérience trop limitée constituent les principaux freins au recrutement (27 %).

Des recrutements à venir toujours aussi nombreux…

Sur les trois ans à venir, 74 % des entreprises interrogées pensent augmenter leurs effectifs. Cela représente une évolution toujours très positive, perçue par tous les départements : ils envisagent à plus de 60 % d’embaucher. À l’exception des deux départements, la Vendée et la Mayenne, qui prévoient une légère diminution des prévisions d’embauche.

*Les enquêtes menées par l’ORCN visent à observer et analyser les principales tendances sur le champ des métiers et compétences de la filière numérique. Deux types d’entreprises composent le périmètre retenu : les entreprises « prestataires », dont le secteur d’activités est directement lié au numérique, et les entreprises « utilisatrices », issues de tout secteur d’activité et qui intègre un pôle numérique (DSI, direction digitale, etc.).

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